Accueil du site - Etudes et recherche - Vulnérabilités et représentations du risque - Stress au travail et stratégies de prévention du risque

La notion de "stress" est une notion difficile à manier selon la dimension subjective retenue. Elle est variable selon les métiers et les catégories professionnelles ; elle n’a pas toujours revêtu la même signification selon les époques ou selon pays.

Porté par une analyse comportementaliste de l’activité, le "stress" demeure une notion ambiguë : il est vécu tantôt de façon positive, lorsqu’ il est perçu comme un aiguillon nécessaire à la réalisation du travail, tantôt de façon négative lorsqu’il est subi en termes de souffrance ou de mal-être au travail.

Dans son travail, tout un chacun requiert en effet des ressorts psychologiques, des soutiens relationnels et des capacités cognitives. Cette définition a surtout un caractère opératoire : les partenaires sociaux savent que dans l’entreprise, différents points de vue se confrontent : il est donc important pour tous de trouver une formulation du problème qui ne prête pas à polémique et qui permette de faciliter les échanges dans les groupes professionnels.

A cette définition, nous pourrons associer des enjeux individuels et collectifs qui légitiment la recherche d’une démarche globale de connaissance et de prévention du phénomène : au niveau des personnes, les conséquences de la démotivation ou la perte de leurs repères professionnels, mettent en jeu l’accroissement des TMS ou la multiplication de dépressions de décompensation ; au niveau de l’entreprise ou des services, à travers l’absentéisme ou l’instabilité professionnelle des agents affectés, sont en jeu les indicateurs de productivité, d’efficience ou de qualité du travail.

La définition commune retient le stress qui affecte collectivement des individus ; elle ne concerne pas les cas de violences ou de harcèlement au travail. En effet, si la plupart des spécialistes ou des chercheurs sur le sujet, s’accordent pour dire que cette notion de stress est un peu "passe partout", ils remarquent aussi qu’elle ne permet pas de qualifier des pathologies du travail, ni de véritablement donner des pistes pour leur prévention. (voir le N° 298, Oct.–nov. 2004 de la revue de l’Anact, "Travail et changement", Prévenir le stress d’origine professionnelle. )

Dépasser les démarches individualisantes

La prise de conscience de l’étendue des phénomènes de stress a d’abord alimenté des conduites défensives individuelles sur le mode judiciaire sans que l’on voit émerger des pratiques collectives nouvelles de prévention.

Aujourd’hui, les intervenants en Santé au travail ont bien repéré l’impasse où conduit une approche seulement judiciaire ainsi que les limites d’une trop forte psychologisation des relations sociales. Par contre, dans les entreprises, le management des risques (risk management) s’est parfois emparé du problème en ouvrant de nouveaux marchés aux consultants qui proposent des méthodes variées pour l’accompagnement individualisé des personnes qui s’auto désignent comme victimes (cadres ou non cadres). C’est une démarche dont nous nous démarquons avec une approche organisationnelle.

Pour notre part nous observons que la mise sous contrôle par un "coach", des comportements individuels, laisse toujours intactes les causes organisationnelles des désordres ou des dysfonctionnements dans les entreprises. C’est pourquoi nous parlerons plutôt de Santé au travail et de la prévention des risques professionnels "psychosociaux" : ces derniers se manifestent par une ou des tensions au travail trop intenses, provenant d’une trop rapide dématérialisation des règles et procédures, d’un rétrécissement des horizons temporels, d’un alourdissement des responsabilités, de tiraillements entre managers, d’un évitement des conflits ou encore d’une non reconnaissance des contraintes et des efforts personnels.