Accueil du site - Publications - Presse - EDF, UN PROGICIEL MIS EN PLACE DANS LA DOULEUR

A la Centrale nucléaire de Chinon, la mise en oeuvre d’un progiciel SAP, mal préparée, entraîne du stress chez les salariés. Alerté le CHSCT réagit.

« On ne voulait pas laisser le rapport dans un placard » confie Michel Lallier, secrétaire du CHSCT de la centrale nucléaire de Chinon. Pour ce militant cégétiste, faire réaliser une expertise c’est bien, l’exploiter c’est mieux. Tout a commencé en 2003, lorsque la direction d’EDF décide d’implanter un Progiciel de Gestion Intégré (SAP) dans l’ensemble des centrales du groupe. Objectif : réduire les coûts de fonctionnement.

Consulté sur le projet, le CCE d’EDF donne un avis négatif et nomme le cabinet ALPHA Conseil pour une première expertise. Celle-ci éclaire le CCE sur les raisons du choix du PGI, les enjeux et les risques pour l’emploi. Mais, « elle ne traite pas des conséquences sur l’organisation et les conditions de travail », souligne Michel Lallier. Or, « le déploiement de SAP s’accompagne de difficultés, de plaintes et d’un surcroît de travail ». Le CHSCT de CHinon confie alors une expertise santé et sécurité au cabinet SOCIALCONSEIL. Un comité de pilotage est constitué, auquel participe activement le secrétaire.

Des risques réels. Le rapport est édifiant. Il pointe “le passage en force” du projet et le manque de formation. Résultat, une surcharge de travail pour les assistantes de direction, les magasiniers, le service RH. Avec des conséquences humaines : découragement et anxiété jusqu’à l’insomnie chez les acheteurs, intensification du travail et angoisse au contrôle de gestion. Dès la fin de l’expertise, en 2004, le CHSCT fait diverses propositions à sa direction mais ne peut influencer les décisions prises au niveau national. Les représentants du personnel insistent depuis, vainement, sur la formation et changement des écrans d’ordinateur qui dépendent de leur seule direction.

Mobilisation. L’action du CHSCT ne s’arrête aps là. Les six élus décidnet de sensibiliser le personnel. Ils envoient aux 300 salariés concernés une synthèse du rapport d’expertise et commencent à réunir les 1200 employés du site, service par service. « A la première réunion, au contrôle des factures, tous les salariés sont venus, » se félicite Michel Lallier. De fait, pour certains, le changement a de quoi inquiéter. Les chargés d’affaires, en relation avec les sous-traitnants et les fournissuers, sont ceux dont l’organisation du travail est la profondément modifiée. Ils ne rencontrent plus les utilisateurs et ne disposent plus de stock de matériel sur site. Ce qui génére le risque par exemple, d’installer une pièce ne correspondant pas au besoin réel ou au matériel en place. En cas de dysfonctionnement ou d’incident, les chargés d’affaires peuvent craindre qu’on leur en impute la resposnabilité car désormais, ils valident eux-mêmes les commandes, sans contrôle de leur hiérarchie.

« Dans une industrie à risque, dénonce Michel Lallier, toute activité peut avoir des conséquences graves ». Plusieurs niveaux de sécurité existent, mais pour lui, l’affirmatio nde la Direction que tous les risques sont calculés et maîtrisés ne tient pas. Le CHSCT de Chinon a donc tiré la sonnette d’alarme auprès de la Drire en avril dernier, " sans grands résultats, déplore Michel Lallier, car celle-ci s’assure essentiellement du respect des procédures et prescriptions..."

RAPPORT SOCIALCONSEIL : LES PRECONISATIONS DES EXPERTS Les experts insistent sur la nécessité :

* d’initier une démarche de prévention avant tout nouveau projet pour éviter que les états de souffrance nerveuses, cognitive ou psychioque ne deviennent pathogènes.

* de donner du temps et des moyens supplémentaires au déploiement d’un PGI, notamment en augmentant les formations théoriques, pratiques et interactives.

* de préciser et formaliser les responsabilités des niveaux hiérarchiques successifs. Il émet des suggestions techniques pour améliorer l’ergonomie du logiciel et des postes de travail.